...au Pérou

Nous commençons un nouveau chapitre de notre périple avec la découverte de l'Amérique du Sud. Nous avons hâte de mettre les pieds sur cette partie du continent, pour changer de langage et de culture, mais avec malgré tout une appréhension quant à la violence possible ou au risque des vols semblant plus élevé.

Première étape du Nouveau Monde : le Pérou.

À notre arrivée, et suite aux diverses recommandations de prudence que nous avions lues ou reçues, nous avons pris un taxi officiel pour rallier l'aéroport à la chambre d'hôtel que nous avions réservé. Déjà, première surprise, la conduite à Lima est pour le moins SPORTIVE. Les accélérations et freinages brusques s'enchaînent, au rythme de klaxons de milliers d'automobilistes qui tentent de forcer leur passage dans ce trafic anarchique. Ou comment réussir à être malade en voiture en ville ! Une fois arrivés à destination, nous découvrons que notre hôtel est finalement une chambre chez l'habitant dans une résidence privée. Habitant qui ne nous attendait d'ailleurs pas car nous avions fait une bourde dans les dates lors de la réservation, en nous trompant à cause du décalage horaire. Après quelques palabres en espagnol (il a fallu vite se remettre dans le bain du coup!), nous avons pu rester. C'était une chambre d'ami avec une salle de bain attenante donnant sur la buanderie. M'enfin, c'était pas trop cher et bien placé. Après une bonne nuit de sommeil réparatrice (aux sons des klaxons), nous partons à la découverte de Lima.

Nous avons visité principalement 2 quartiers : Miraflores et le centre historique.

Notre logement se trouvait à un peu plus de 1,5km de Miraflores. Nous y avons passé la plupart de notre temps, pour manger, réparer des trucs et faire des courses. Rien de bien palpitant à raconter sur ce quartier somme toute très classique voire occidental.

Le quartier du centre-ville a bien plus de charme mais devient vite sensible si on s'éloigne trop des sentiers battus. Une dame nous a d'ailleurs dissuadés de poursuivre plus au nord, nous disant que c'était dangereux. En effet, nous nous dirigions vers le quartier de Rimac, de l'autre côté de la rivière du même nom. Tant pis, nous faisons demi-tour et ne regardons le quartier accroché à la montagne de loin. Nous rentrons ensuite dans notre bout d'appartement, un peu refroidi par l'ambiance générale.

Nous planifions alors la suite du voyage. Heureusement, nous le verrons très bientôt, le Pérou, ce n'est pas Lima !

Dès cette première étape, nous découvrons un Pérou tout autre, riche et beau de culture vestimentaire et musicale, de paysages et de traditions culinaires. Nous nous y sentons tout de suite bien et pouvons envisager pas mal d'activités autour. Nous commençons également notre ascension vers les hauteurs andines, avec ses 2 752 m d'altitude.

Ayacucho est surnommée la ville des 37 églises. On ne les a pas toutes visitées mais c'est vrai qu'il semble y en avoir à tous les coins de rues. La ville est très agréable avec ses rues pavées et ses portions de voies piétonnes. Seul bémol encore et toujours pour la pollution des véhicules, dans l'air ou sonore. Nous avons pu tester la ville sans aucune voiture à l'occasion des 2 jours de grève des agriculteurs de pommes de terre et c'était un vrai bonheur : pas de klaxons assourdissants, pas de pollution, pas de voitures accélérant pour nous tailler un short quand on traverse et pas de réveil à 5h du matin au bruit des premiers automobilistes.

Pour empêcher les véhicules d'entrer dans la ville, ils ont condamné tous les accès routiers avec des grosses pierres mises sur la route sur plusieurs dizaines de mètres.

Avant cet épisode de grève, nous sommes allés voir les ruines incas de Vilcas Huaman. Pour le côté pratique, nous avons pris un tour car il est très difficile d'y aller et de revenir en transport public dans une journée. Les avantages ont bien sûr été d'avoir un guide et donc des explications tout au long de la journée et des sites visités. Les inconvénients majeurs étaientt que nous ne pouvions pas aller à notre rythme lors des visites et que les arrêts imposés pouvaient être très longs pour nous. De plus, quand nous avons voulu partir pour manger de notre côté (et ainsi éviter le restaurant touristique hors de prix), la guide nous a boudé pour le reste de l'après-midi. Mais dans l'ensemble, ce fut une enrichissante journée.

Après la grève, nous sommes partis visiter, par nos propres moyens cette fois, la ville de Quinua et son obélisque. Pour le retour, nous avons décidé de redescendre à pied jusqu'aux ruines de Wari et son musée. Nous avons parcouru près de 15km de marche dans la pampa péruvienne, au milieu des cactus. Heureusement, c'était en descente ! Au musée de Wari, nous avons fait la connaissance de notre première momie, et ce ne sera pas la dernière. Elle était fascinante tellement elle était bien conservée. La peau, les dents, les ongles, tout y était ! Il y avait aussi exposés des pierres taillées, de la céramique, des topos (broche permettant d'attacher les vêtements des femmes et pouvant servir d'arme au besoin) et du tissu.

Les ruines de Wari appartiennent à la période pré incas. C'était d'ailleurs la capitale de cette civilisation qui prend naissance au XIème siècle. À son apogée, la civilisation Wari s’étend sur toute la côte et les hauts plateaux du centre du Pérou.

À l'issue de la visite, nous rentrons sur Ayacucho, plein les jambes et plein la tête.

Et nous continuons notre ascension, Cusco se situant à 3 310 m d'altitude.

Après une nuit de bus et diverses péripéties durant le trajet, notre première impression en arrivant dans l'ancienne capitale inca fut brutale. Nous découvrons une grande ville enclavée dans une vallée, bruyante et polluée. Nous avons dû parcourir plus de 2km à pied au milieu de milliers d'autos et de bus pour rejoindre le centre historique et trouver un lieu pour dormir.

Heureusement, le centre historique est plus agréable et tellement riche d'architecture tant inca que de l'époque de la colonisation espagnole. La ville est très touristique mais il est possible de trouver beaucoup de coins authentiques.

Mais venir à Cusco signifie aussi voir la vallée sacrée d'une part et le fameux Machu Picchu d'autre part. Pour ce dernier, il faut acheter ses billets à l'avance car le nombre de visiteurs est limité par jour. Bon, l'Unesco limite officiellement le nombre de billets à 2500 par jour mais cela ne semble pas être respecté. De plus, nous avions entendu parler d'un billet 1/3 moins cher que le plein tarif si l'entrée sur le site se fait après 13h. Mais ce tarif n'a pas fait long feu, puisque supprimé par le gouvernement seulement 1 an après ça mise en œuvre. Aujourd'hui, il faut choisir entre 4h de visite soit le matin ou soit l'après-midi, au plein tarif. Pour cette fois, on joue le jeu car ça en vaut la chandelle.

Nous choisissons ensuite l'option la moins chère pour nous y rendre et dormir sur place : le bus collectif et le camping. Pour le reste, on utilisera nos jambes, pour les 12km entre Hidroelectrica et Aguas Calientes et les 400 m d'escaliers entre le camping et le site lui-même.

Sur place, c'est extraordinaire. Bon, certains vigiles sont quelque peu rigides sur les sens de visite, nous obligeant à sortir pour entrer de nouveau alors qu'une seule sortie est autorisée, malgré le prix ahurissant du billet. À contrario, d'autres vigiles nous ont accompagné à plusieurs endroits pour nous donner de plus amples explications.

Ce fut une visite magnifique. Il y a beaucoup de travaux de restauration et ces édifices tellement bien pensés pour l'époque avec si peu de moyens poussent à l'humilité. Voyez plutôt.

Plus prés de Cusco, la Vallée Sacrée n'est pas en reste niveau ruines. Il y en a partout, plus ou moins exploités. Les sites restaurés et accessibles sont splendides, ainsi que les paysages les entourant.

C'est une bourgade à mi chemin entre Cusco et Arequipa, située à plus de 3800m d'altitude. Il n'y a rien de particulier à en dire car nous avons élu domicile quelques jours ici principalement pour continuer notre acclimatation à l'altitude et pour voir une ville peu (voire pas du tout) touristique. En définitive, on y trouve la même chose que dans les autres villes, avec les tour-operators et les rabatteurs en moins.

Si nous nous attendions à ce que l'endroit soit touristique, nous ne nous attendions pas à de telles méthodes. Nous reviendrons sur ces méthodes, car les premières surprises furent, elles, positives.

Partis plus tôt dans la matinée d'Espinar, nous avons voyagé en bus environ 2 ou 3h jusqu'à Cañahuas, un poste de péage en direction d'Arequipa. Arrivés au péage, il nous faut descendre et trouver un correspondance pour Chivay qui est à l'opposé.

Heureusement qu'il y a quelques curiosités géologique pour passer le temps dans le coin car si le trafic assez important nous permettra de ne pas trop attendre, nous avons tout de même éprouvés plusieurs échecs avant de trouver le bon transport.

Isaac est "taxi touristique". Il vit et vient d'Arequipa car transportnt Maximiliano, un retraité originaire d'Ayacucho expatrié au Québec pendant plusieurs années, venu visiter Chivay et ses bains thermaux.

Autant dire que les deux heures de route auront été riche en échange et en meilleure compréhension du Pérou (religion, corruption du gouvernement, différenciation des lamas et alpagas, etc.)

Arrivé à Chivay, ce n'est pas le repère à touristes auquel on s'était attendu. Il y a bien les classiques restos "pizza-wifi-chéro"  ou autre tour-operator qui ont investi le centre, mais ils se comptent sur les doigts des mains. La ville reste authentique et charmante à la façon dont elle est entourée de massifs montagneux. Ce sera une base agréable pour les excursions dans le canyon.

C'est là que les choses se gâtent, les excursions dans le canyon. Arrivés à Cabanaconde (finalement, elle était là la base touristique!), pas moyen de manger l'almuerzo (la formule du midi) habituelle, seulement des "pizza-wifi-chéro". Partis pour plusieurs jours, nous avions de quoi et avons pris la direction des chemins de rando.

Au bord du chemin, une dame nous arrête et demande à voir nos tickets requis pour descendre le canyon.

Nous ne le comprendrons que bien après mais nous sommes en fait dans le GéoParque, bien que des gens y vivent, y travaillent ou qu'il s'agisse d'un simple site naturel. L’accès est payant et sujet à contrôle. Ainsi, on trouve des check-points routiers ou des plantons sur les sentiers qui vérifient vos tickets. AutoColca gère se parc, nous ne savons pas s'il s'agit d'une communauté des communes de la région ou d'une entreprise. Une chose est sûre, seuls les étrangers payent car, à raison de 70  soles (~20€) l’accès, pas grand monde peut se le permettre au Pérou. Pour vous donner un ordre d'idée, c'est l'équivalent de deux nuits d'hôtel et trois repas. Transposez ça aux Gorges du Verdon par exemple, il vous serait demandé aux alentours de 120€ (base de calcul raisonnable). Que feriez-vous ?

Nous, nous avons rebroussé chemin, ne préférant pas cautionner ce genre de chose, question de principe.

Nous ne sommes pas restés en reste pour autant même en suivant d'autres chemins l'endroit reste époustouflant. Falaises vertigineuses encore surplombées de pics aiguisés, condors en vol ou cascades torrentielles. Nous avons pu voir aussi qu'il ne restait pas grand chose du prix du ticket dans l'environnement. Aucun investissement pour la gestion des déchets, pas de revégétalisation..

Les jours suivants nous avons visités la campagne proche de Chivay et L'autre rive du Canyon, à Yanque. Là aussi très beaux paysages comme vous pouvez le voir :

Nous ne voulions pas particulièrement nous arrêter à Arequipa mais cela était plus simple pour avoir un bus pour Puno. Nous avons donc décidé d'y passer une demi journée en attendant le bus de nuit.

Nous n'étions même pas encore arriver dans la ville que la vision que nous avons eu depuis le bus nous a écœuré. La quantité d'ordures dans la nature était réellement révoltante. De plus, les embouteillages liés au trop plein de camions desservant une usine nous a fait, en plus de nous intoxiquer, perdre deux heures. Bref, nous nous sentions impuissants face à ce viol de la nature et cela nous a déprimé.

Une fois arrivés en ville, ce n'était pas mieux, sauf le centre historique qui est, pour le tourisme et l'image, entretenu. Nous ne nous étendrons pas sur cette ville dans laquelle nous ne sommes restés que quelques heures mais sachez que nous étions contents d'avoir le bus le soir.

Après 6h30 de (trop peu de) sommeil dans un bus ultra confortable, nous arrivons à 5h du matin à Puno. Nous commençons cette nouvelle journée par un joli levé de soleil sur le lac Titicaca, de quoi nous redonner du baume au cœur. Bon, nous voyons des gens aller faire "titicaca" dans le lac mais cela n'a rien d'effrayant comparé aux ordures de la veille.

Nous trouvons rapidement une petite chambre pas chère au bord du lac et nous installons.

Le jour même, nous partons grimper sur la colline pour voir le lac d'en haut.

Comme toujours, nous ne souhaitons pas faire des tours si nous pouvons faire des détours (héhé ^^) et décidons de nous rapprocher le plus près des villages flottants pour les voir depuis la berge. Nous avions auparavant visité un musée gratuit consacré au lac et à ses habitants, humains et animaux. Nous savions donc comment étaient construits les villages flottants et qu'aujourd'hui, ce ne sont plus les ethnies d'origine qui y vivent. Cela semble donc bien perdurer seulement pour le tourisme.

Après cette journée bien chargé et la courte nuit précédente, nous sommes ravis de rentrer à la chambre pour nous reposer. Mais c'était sans compter sur la discothèque clandestine, car rien ne laissait présager la présence, que nous avions en dessous. Heureusement, il s'agissait davantage d'une boite d'after work et la musique baissait dès 22h. Nous y aurons droit quand même tous les soirs !

Nous avons ensuite visité les ruines de Sillustani, près du lac Umayo. Ce dernier est bien plus petit que le lac Titicaca bien sûr mais avec ses proportions moindres, cela permet de mieux se représenter sa taille et sa beauté, avec ses eaux calmes et bleues. Les ruines sont en fait d'anciens sites funéraires pré-incas. Ces tombes en forme de tour sont appelées Chullpas. Plusieurs corps étaient placés à l'intérieur. C'est un site très beau, entre les ruines et le lac, empreint d'une grande sérénité.

Le jour suivant, nous nous sommes rendus sur la presqu'île de Capachica. Pour la même raison que les villages flottants, nous nous souhaitions pas aller sur des îles du lac. Mais en allant sur la presqu'île, c'est comme si on était presque sur le lac ! Après une bonne pluie au moment de descendre du bus, nous sommes montés sur les collines après la ville de Llanchon, pour voir le lac d'en haut. Les couleurs de l'eau nous ont scotchées tant nous ne nous y attendions pas. Quand le soleil montrait le bout de son rayon, certains bleus semblaient tout droit sortis du lagon de Nouvelle-Calédonie. À d'autres moments, le bleu était si profond qu'on pouvait imaginer des centaines de mètres de profondeurs. C'était magnifique. Pas étonnant que les civilisations précédentes lui vouaient un culte sacré à ce lac.

Nous aurons plus tard l'occasion de voguer sur le lac en nous rendant en Bolivie.

En définitive, nos craintes supposées de violence du départ n'ont pas eu d'échos dans la réalité. Nous avons découvert une terre grandiose et un peuple très attaché à ses cultures traditionnelles et à son passé. Il n'a pas été dur, dans plusieurs villes, de prolonger d'un jour ou deux notre séjour, que ce soit pour la qualité de la vie ou pour la multitude de beaux paysages à voir. Il y a évidement toujours de graves problèmes à régler, comme dans la plupart des pays que nous avons visité où le développement économique massif et rapide se fait au détriment de la planète, ou encore de savoir où part l'argent du tourisme, surtout quand on voit certains villages censés bénéficier du dit argent. Mais nous garderons une très belle image de ce pays, premier pas en Amérique Latine.