Vanuatu

En vivant si proche de cet archipel volcanique, il n'était pas envisageable pour nous de ne pas y aller. Depuis Camiguin aux Philippines, et le mont Ijen en Indonésie, une curiosité toute volcanique était née. Il nous faillait donc continuer.

Le Vanuatu est une république qui a obtenu son indépendance en 1980 après moins d'un siècle de condominium. C'est-à-dire que la France et le Royaume-Uni dirigeaient ensemble ce qui s'appelait à l'époque les Nouvelles Hébrides.

 

Certaines régions étaient sous l'influence des missions protestantes anglaises et d'autres sous l'influence des missions catholiques françaises, par conséquent certains ni-Van (vanuatais) parlent français ou anglais selon leur région d'origine. Tous parlent bichlamar, la troisième langue officielle, une sorte de créole anglais en plus des dialectes propres à chaque île ou tribu.

Port Vila (Efaté)

Vanuatu - Port Vila

Après à peine une heure de vol au départ de Nouvelle-Calédonie, nous arrivons sur la capitale, Port Vila.
Avant le départ, nous nous étions renseignés sur les différents moyens de se déplacer entre les îles. La plupart des gens nous avaient répondu l'avion mais certains avaient mentionné le bateau. Une dame, originaire du Vanuatu, suivie par Pauline au CCAS, avait même conseillé de demander à n'importe qui dans la rue des renseignements, la parole et le contact humain y étant très faciles et importants (culture mélanésienne).

C'est ce que nous avons fait lorsque nous sommes allés au marché dès le premier jour. La dame tenant le boui-boui où nous avons mangé un délicieux plat nous a indiqué que des bateaux partaient le soir même pour Ambrym, notre prochaine destination.

Après avoir récupéré nos sac à l'hôtel, nous partons au wharf à la recherche de ce fameux bateau. Les rues pullulent de mini-bus, pour l'équivalent de 1,2€ on vous conduit n'importe où et, des fois, les passagers vous offrent même des clémentines. Nous arrivons aux abords de ce qui semblent être un port, sans trop savoir s'il est trop vieux ou encore en construction. Les gens s'affairent aux chargements et déchargement prés d'un vieux ferry, avec peu de moyen mais beaucoup d'énergie et d'organisation. Quelques quais plus loin, nous aperçevons notre cargo, un peu plus en forme, nous voilà un peu plus rassurés.

Il est 20h, le soleil se couche, nous embarquons une fois le gros du fret chargé, puis nous partirons les derniers ajustements effectués. Bon il faut dormir par terre sur le pont mais le trajet ne durera qu'une nuit et c'est bien plus authentique.

Vanuatu - Cargo P.V. à Ambrym

Ranon (Ambrym)

Une fois sur Ambrym, on est direct mis dans le bain volcanique ... plage de sable noir et fumée sulfureuse nous accueillent. Ça s'annonce pas mal ! Quand on connait l'atmosphère et les légendes de l'Île Noire, celles des cannibales ou encore des "man blong majik" les sorciers usant de magie noire en bichlamar, il y a moyen de flipper et de préférer rester dans le bateau.

 

On parle un peu aux gens et on décide de partir dès le lendemain matin à la rencontre du volcan Marum et de son lac bouillonnant.
William nous montrera le chemin et cela nous permettra d'en apprendre davantage sur les us et coutumes du Vanuatu. Dès 7h du matin, nous étions prêts mais William n'est arrivé qu'à 8h. Tant pis, c'est au pas de course qu'on a commencé la rando ... qui durera finalement plus de 10h, 28km et plus de 1000m de dénivelé ! Fiouf.
Mais ça valait le coup ! Une fois passé les énormes nuages de soufre avec pour seule protection les masques contre la poussière fournis par Thomas, nous sommes arrivés au dessus de ce lac de lave bouillonnant...quel spectacle hypnotisant. On aurait pu y rester des heures... mais 5h de marche nous éloignaient encore de notre bungalow et le soufre s'accumule dans notre organisme tandis que nous respirons !

Une fois rentré, la mère de William, Emma, nous avait préparé un bon petit plat qui nous a bien réconforté.
La nuit, nous avons fait la connaissance de nos nouveaux amis les petits rats, qui finiront par avoir raison du sac à dos de Pauline et réussiront à y faire un trou irréparable !
S'en est suivi 2 jours d'attente du fameux bateau nous permettant de rejoindre l'île d'Espiritu Santo en soit disant 24h...qui se sont transformées en 3 jours d'enfer sur un vieux rafiot sans trop de nourriture et en dormant sur le pont avec les rats et les cafards ! Finalement, le cargo de nuit du début était du luxe !

Vanuatu - Ambrym

Luganville (Espiritu Santo)

Et encore ce ne fut QUE 3 jours car nous avons écourté notre voyage à Pentecost. En effet, les marins nous ont finalement dit que le bateau mettait environ 1 semaine pour rallier Santo depuis Ambrym. Comme ils doivent livrer toutes les plages de toutes les îles, et que les livraisons par plage prennent en moyenne 4 à 5h, le trajet peut vite devenir long. Et, ils ne travaillent pas le dimanche. C'est ce jour là que nous avons craqué et reposé le pied à terre, en quête d'un autre mode de transport, l'avion.
Facile nous direz vous ?! Et bien pas tant que ça ! Ah oui, de trouver un aéroport sur notre carte fut aisé, mais d'avoir un vol le jour même l'était moins. Une fois le fameux "aéroport" atteint, il ne restait plus qu'à grimper dans le prochain avion.....du lendemain matin !! Après ces 3 jours de bateau éprouvants, nous voilà partis pour refaire une nuit sans vraie nourriture et sans toit, avec en plus le mal de terre !! Heureusement, le gardien de l'aéroport nous a laissé dormir dans une pièce servant de stockage. Nous avions des cartons pour l'isolation, c'est déjà ça !

 

Nous avons passé notre dimanche à arpenter les alentours de Lonorore. Les gens que nous avons croisés allaient ou sortaient de la messe, endimanchés et curieux de notre présence.
Une fois rentrés à notre chambre aéroportuaire, il a fallu manger. Seulement les encas achetés dans l'épicerie sur la route se sont avérés moisis et périmés.. les poules par contre les ont adorés. Il ne restait plus pour nous qu'à trouver de la nourriture par là. Les alentours regorgeaient d'arbres fruitiers et nous avons choisi le papayer, les noix de coco étant plus difficile à manger sans coupe-coupe.

Le lendemain, l'avion, ou plus précisément le petit coucou, qui nous a transporté jusqu'à Santo a effectué un autre arrêt sur l'île d'Ambae, nous permettant de voir d'en haut le volcan entouré d'eau qui s'y trouve.

Après toutes ces péripéties, vous pouvez facilement imaginer que nous avons mis à profit nos 2 jours à Luganville, la ville principale d'Espiritu Santo, pour nous REPOSER. Dormir et manger. Et réserver les billets pour l'île de Tanna qui, soit dit en passant, nous ont coûté les yeux de la tête monopole oblige

Mais il était inenvisageable de ne pas aller à Tanna et surtout à Yasur, son volcan explosif en activité !

Vanuatu - Santo

Mont Yasur (Tanna)

Nous arrivons donc sur Tanna et nous installons dans notre bungalow, avec vue sur le volcan s'il vous plaît. Nous savions que les prix pour accéder au cratère était exorbitant mais pas à ce point là : 100€ pour un tour d'une heure. Le lendemain, nous décidons donc d'y monter par un autre côté, gratuitement.

Le seul hic de ce plan génial, c'est que l'ascension doit se faire depuis un flan très raide et composé essentiellement de sable volcanique. Pour 3 pas de gagnés, 2 de perdus ! Sans compter la chaleur et le vent. Nous avons mis 1h pour atteindre le cratère alors que Yasur ne culmine qu'à 300m d'altitude.
Une fois là-haut par contre, la difficile grimpette fut vite oublié tant le spectacle est impressionnant. Explosion assourdissante et jets de pierres volcaniques à plusieurs centaines de mètres au dessus du cratère. Fascinés et effrayés à la fois, nous marchons au bord du gouffre avec l'idée omniprésente qu'un caillou brûlant peut nous tomber sur la tête, d'autant qu'il y en a tout autour de nous sur le sol. Nous tentons d'établir un camp de fortune pour passer la journée mais les conditions difficiles (vent, chaleur, Pauline stressée, sable dans les yeux, dans les oreilles, dans la bouche, etc etc) nous font redescendre après quelques heures. Nous tenterons de revenir le soir mais le vent s'étant accentué, nous n'arriverons finalement pas en haut. Néanmoins, le spectacle nocturnes des pierres rougeoyantes fut sublime.

Entre temps, nous décidons d'aller rincer dans l'océan les 3,7 tonnes de sable accumules. Nous devons traverser un village pour y accéder et nous sommes accueillis par une jeune fille francophone qui souhaite nous guider. Nous lui demandons à plusieurs reprises s'il est possible de nous baigner sans gêner les habitants et elle dit oui, même dans les sources d'eau chaude qui viennent se jeter sur la plage. Le bain nous a fait un bien fou. Nous partageons nos cacahuètes avec elle puis finalement, elle nous annonce qu'il faut payer l'accès à la plage.... pas moins de 10€ par personne pour se baigner à l'océan. Nous refusons, expliquant qu'il aurait fallu l'annoncer avant auquel cas nous ne serions pas rester, et décidons de partir. Mais ce n'est pas si simple et il a fallu nous réexpliquer auprès du chef du village. Nous nous en sommes allés finalement sans payer mais un peu perplexes quant à la voie empruntée par ce village. Protection culturelle ou cupidité ? Jusqu'où ça ira ?

Vanuatu - Tanna

Épilogue

Le séjour fut court, car il y a tant à faire et découvrir, mais il est certain que le Vanuatu fait partie de ces destinations où l'on ne voyage pas seulement géographiquement, mais aussi humainement, personnellement. Le mélange de société tribale et moderne permet clairement de percevoir le chemin parcourut par l'humanité et de se situer dans tout ça. On peut le visiter en quelques semaines pour les curiosités et merveilles dont il regorge, ou pousser à plusieurs mois pour un voyage plus profond.  En tout cas, tout y est pour être bien accueillis, des infrastructures confortables à la chaleur humaine.

Pour nous, il était temps de rentrer à Nouméa et de reprendre le travail, comme on cultive son champ d'ignames.

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Commentaires: 1
  • #1

    fab (mardi, 20 février 2018 16:48)

    Que de volcans , de sable noir, de souffre, de fumée mais que de beautés!
    mention spéciale pour les araignées super sympa!! bisous