...dans l'Ouest Américain

Voilà encore un vaste pays. 50 Etats dispatchés sous 9 fuseaux horaires ! Nous ne nous targuerons évidement pas de dire que nous connaissons le pays tout entier. Il faudrait y passer plus de temps voire y vivre. Mais ce que nous avons vu de ce territoire américain est unique. Entre les iles volcaniques d'Hawaï, les déserts de l'Arizona et les montagnes de Californie, les paysages que nous avons contemplé étaient magiques. Comme toujours, la nature est belle.

Pourtant cet archipel de 8 îles habitées et quelques 130 autres plus petites, dernier Etat à avoir rejoint la Fédération, regorge de surprises et de curiosités.
Cependant, c'est avant tout dans une optique économique que nous nous y sommes rendu. En effet, les vols successifs pour traverser l'immensité du Pacifique, via Tahiti, par l'île de Pâques, ou encore ceux directs pour l'Amérique Latine, représentaient un coût considérable.

Par ailleurs, il nous semblait tout de même important de s'arrêter quelque part au milieu de cet océan, et pas simplement le traverser. Même si après un séjour insulaire en Nouvelle-Calédonie, nous comprenons mieux leurs fonctionnements, répéter l'expérience sur d'autres îles, apparemment encore plus isolées, ne pouvait qu'être plus enrichissant.

Après un passage en Nouvelle-Zélande pour échapper au monopole et prix ahurissants d'AirCalin, nous trouvons un vol Auckland-Honolulu, soit 6h de vol et pas mal de turbulences.

Nous atterrissons donc à Honolulu, sur l'île d'Ohahu, c'est-à-dire à peu prés au milieu de l'archipel.

En route pour Waikiki, nous voyons tout ces trucs des films et séries, on croirait déambuler dans un studio. Et cela se confirme jusque dans le célèbre quartier qui aurait vu naître le surf, mais cela ne tient plus seulement du studio mais carrément du parc d'attraction, l'autre extrême. Nous y logerons, encore un choix économique, au Banyan Kyo-machin-chouette, coin sympa si ce n'est que vous payez pour des tas de trucs même si vous n'en avez pas l'utilité... Ca commence, bizness is bizness.

Autrement, le centre est assez peu résidentiel, si on exclut les tentes des SDF, les habitations s'étalant sur les collines entourant l'agglomération.

En visitant la ville, nous nous sommes souvenus que c'était Noël, à nouveau sous les tropiques donc on a du mal à y penser. Heureusement, l’excès américain nous l'a rappelé.

Non loin de la ville se trouve le mémorial de Pearl Harbor, perpétuant le souvenir et présentant la Seconde guerre dans le Pacifique. En s'y rendant, on s'est vu refuser l'entrée à cause d'une petite sacoche, qu'il fallait laisser en consigne pour la modique somme de 3$ ! Bisness encore. Malins, nous avons dispatché son contenu dans nos poches et sommes entrés. So what ?! : P

Entrée gratuite d'ailleurs, il faut le préciser vu la rareté de la chose ici. L'essentiel des connaissances est accessible à condition de lire l'anglais, car rien n'est fait pour les autres langues si ce n'est les services payants de guides et audio-guides. Autrement, certains sites, un peu "à sensations" comme la visite d'un sous-marin, sont payants. La guerre, ici dans le Pacifique, est présentée et semble être ressentie de la même manière que dans les mémoriaux de Caen ou de l'Est de la France. Avec un subtile mélange de solennité, d'explications et de pardon. Mais il est intéressant d'apprendre des détails auxquels nous n'aurions pas pensé outre-Atlantique. Comme par exemple qu'à l'époque de l'attaque de Pearl Harbor, la population d'Honolulu comptait prés de 30% de personnes immigrées ou d'origines Japonaises. Imaginez un peu le climat de méfiance et de suspicion ! Ou encore que les avions Japonais avait été détectés par radar, mais la surprise était telle que cela a été interprété comme un dysfonctionnement.

Autre point d'intérêt, qui nous a interpelé sur l'île, c'est le Diamond Head, ce cratère de vieux volcan éteint, qui a pied dans les belles eaux bleues (jamais si bleues que le Caillou évidement : P). Là aussi, nous trouvons des vestiges de la guerre.

Après un séjour de 3 jours à Honolulu, nous manquions d'air pur. Pas facile de choisir quelle île visiter, la curiosité nous pousserait à toutes les faire. Seulement voilà, l'avion est le seul moyen de transport inter-île et à en moyenne 100$ le vol, ça fait un sacré budget qu'on peut utiliser à meilleur escient. 

Puisqu'il fallait donc n'en choisir qu'une, nous avons jeté notre dévolu sur Big Island.

Comme son nom l'indique, il s'agit de la plus imposante en terme de superficie. Mais aussi en ce qui concerne les activités.

En pas moins de deux semaines, nous sommes passés de l'observation spatiale à prés de 4200m au snorkeling de récifs donnant directement sur les profondeurs océanique, en passant par des forêts tropicales ou des déserts de lave, le tout sur fond de mélange des cultures hawaïenne et américaine. Ce "bout" de roche basaltique nécessiterait donc à lui seul une à plusieurs vie pour en faire le tour.

Voici un infime résumé en vidéo et photos:

Les premiers pas sur le continent américain ont été agréablement frais. En effet, depuis notre départ de France au début de notre périple, nous n'avions plus eu froid. Mais là, en plein mois de décembre, de retour dans l'hémisphère nord, il nous a fallu ressortir nos pulls et bonnets !

Nous avons apprécié ce froid (qui ne l'était pas vraiment finalement, par rapport à ce qui nous attendait) car cela semblait, pour nous, mieux coller à la période des fêtes de fin d'année. Après 2 années au chaud à Noël, nous avions envie d'un réveillon en manteau. Si si, ça peut paraître étrange mais c'est bien vrai.

L'hôtel que nous avions réservé s'est révélé très bien situé car en face d'un supermarché appelé Trader Joe´s. Loin de nous l'idée de faire de la pub mais nous avons été tellement surpris de trouver un magasin comme celui ci, surtout ici où tout est bon pour le profit notamment les ingrédients bon marché, les aliments coupés, etc... Les produits étaient tous proposés en alternative biologique, et très peu chers, surtout après Hawaï et la Nouvelle-Calédonie.

Le 26 décembre, nous avons quitté notre chambre pour nous rendre à l'agence  pour récupérer le véhicule réservé sur internet. Évidement, ça a été plus compliqué que prévu mais cela, nous nous en doutions avec ces histoires de cartes de crédit ou de débit, voire une arnaque. Finalement, après quelques centaines de dollars versés en plus, nous avons pris la route avec Jucy1. Bien que bien équipée, elle ne nous a pas semblé fiable, dès le début, surtout d'un point de vue du moteur (accélération = râle d'agonie). Ceci dit, il en faut de la patate pour tirer tout l'attirail présent : tente sur le toit, table, lit, cuisine, ustensile en céramique, réservoir d'eau propre et réservoir d'eau usée, et toutes nos affaires ! Finalement, nous verrons plus tard que ce ne sera pas le moteur qui nous fera faux bond !

Bref, en ce lendemain de Noël, nous reprenons la route et ça fait du bien !

Capitale de la Californie, nous n'y sommes passés que pour voir à quoi la ville ressemblait...et peut-être pour apercevoir Schwarzy, même s'il ne gouverne plus l'état.

La vallée du Yosemite est un paradis pour les grimpeurs en escalade. Érodée par d'immenses glaciers, la roche abrupte se prête parfaitement à la discipline et les passionnés se frotte à ses versants depuis plus d'un siècle. Pour les plus connus, il y a El Capitan, formation rocheuse verticale de 900m de haut ou le Demi-Dome, roche granitique s'élevant à 1200m au dessus de la vallée.

Les 3 premiers jours se sont déroulés comme prévu, avec diverses balades dans le parc, où grimpettes et beaux paysages étaient au rendez vous. Nous retiendrons surtout le cascade de Vernal et le Yosemite point. La froid aussi était bien présent, avec -3° la nuit.

Les 2 premières nuits se sont passées sans encombres et nous avons pu dormir sur un parking. En effet, étant juste avant le nouvel an, il y avait beaucoup de monde dans le parc, les campings étaient pleins et de nombreuses personnes dormaient dans leur voiture ou leur van sur ce parking, avec une tolérance de la part des Rangers.

Le jour du 1er de l'an, nous avions décidé de reprendre la route. Mais Jucy1 en a décidé autrement et c'est là que tout a basculé !

Au moment de partir, un voyant rouge s'est allumé sur le tableau de bord. Cela ressemblait au voyant de la sécurité. Cela semblait se confirmer par la réaction de la voiture : elle démarrait mais tous les voyants étaient en alerte, les essuies glace se mettaient en marche tout seul et un sifflement bizarre émanait du moteur. Impossible de faire plus de 50m, nous devions nous arrêter. Après avoir presque appris par cœur le manuel d'utilisation et tester toutes les manières possibles de désactiver ce que nous pensions être la sécurité, nous nous sommes rendus à l'évidence que nous étions en panne. Nous avons donc contacté le service assistance de Jucy. Après des explications hasardeuses et une incompréhension mutuelle, notre interlocuteur nous dit qu'il nous rappellera dans la journée. Évidement, un jour de l'an, aucun dépanneur n'était disponible et nous n'avons jamais été recontacté. Nous décidons donc à la nuit tombée de rester sur ce même parking et d'attendre le lendemain pour les rappeler. Mais ce n'était pas si simple et c'est là que le harcèlement du Sergent Meyers* a commencé.

Comme les vacances semblaient finies et que la plupart des visiteurs avaient quitté le parc, il était plus facile pour les Rangers d'embêter le monde. Nous avons donc été réveillé par le sergent Meyers qui nous a demandé que quitter le parking et d'aller au camping payant. N'écoutant rien de nos explications sur la panne, nous avons été contraints, à moitié endormi, de reprendre la route pour éviter une amende.

Le lendemain, nous rappelons Jucy qui nous dit ne pas comprendre pourquoi nous n'avons pas été recontacté. Mais l'opératrice étant en Nouvelle-Zélande, elle ne pouvait pas faire grand chose...nous avons du alors encore attendre des nouvelles de Jucy US. Finalement, nous avons amené la voiture au garage du parc mais le mécano ne pouvait rien faire étant donné que c'était un problème électronique. Il faudra encore attendre le lendemain soir avant de recevoir la nouvelle voiture, ce qui signifie une autre nuit dans le parc. Sans surprise, le sergent Meyers est revenu nous interpelé alors que nous nous trouvions sur le parking non loin des douches. Cette fois, et comme bizarrement la voiture refonctionnait par intermittence, nous sommes sortis du parc pour trouver un coin tranquille. Point positif, nous avons eu le temps de visiter le musée du parc et faire d'autres balades.

Une fois Jucy2 récupérée et investie (en oubliant évidement des objets dans la précédente sinon ça ne serait pas drôle), nous avons pris la route sur le champ, direction la Vallée de la Mort.

*nom purement inventé qui lui allait très bien

Avec un nom pareil et l'imaginaire faisant, on est en droit de se demander l'attrait que suscite cette vallée. Endroit le plus chaud du monde jusqu'à l'utilisation de satellite météo, pas une goutte de pluie sur une année sauf sur une période très courte où des pluie torrentielles érode le terrain et empêche les plantes de s'installer. Bref les montagnes elles-même faiblissent et se ramollissent devant tant d'inhospitalité.

Et c'est cela l'intérêt du lieu, d’après nous, les paysages torturés révèlent une beauté rarement vue ailleurs. Et lorsqu'on aperçoit une pousse s'accrochant au rocs tant bien que mal, on ne peut s'empêcher de recharger notre propre espoir. 

Nous n'y avons fait qu'un saut le temps de remonter the Strip. Mais le fait est qu'un simple passage suffit à se rendre compte de la superficialité de l'endroit et de la prédominance de la publicité; tout support est un bon support !

Voici une petite vidéo résumé de notre balade.

Lac artificiel créé en obstruant le canyon Glen où s'écoule la Colorado, les ingénieurs ne pouvaient s'attendre à une réussite esthétique en visant la production d'énergie.

Lors de notre passage, le mélange de couleur respirait l'étrange. La terre rouge rayonnait jusqu'au nuages, pourtant il faisait gris. Bref, extraordinaire. Voyez par vous-même :

Nous poursuivons notre route, toujours vers des célébrités. Monument Valley est l'un des sites les plus connus au monde, et on a quasiment tous vu déjà en photo ces formations rocheuses verticales au milieu du désert.

Et ça valait le détour. Même si nous ne sommes pas entrés dans le parc à proprement dit, nous avons observé ces magnifiques butes de terre au soleil couchant, rendant l'endroit encore plus magique.

Après Monument Valley, cap vers le Sud. Notre prochaine destination était le cratère de météorite (photo ci-dessous) situé à l'est de la ville de Flagstaff. Mais il nous restait encore pas mal de miles à parcourir pour y arriver et la National Forest de Katchina Peaks, avec ses balades et avec la possibilité d'y dormir gratuitement, a été une bouffée d'oxygène pour nous. En effet, la nuit d'avant, nous avions eu du mal à trouver un endroit convenable où dormir. Le désert était boueux et n'offrait pas de lieux libres où nous arrêter. Nous avons opté pour la bordure d'une petite ville tranquille. Seulement à 6h du matin, un agent de police est venu nous réveillé après avoir été appelé par les voisins. Nous n'avons pas eu de soucis avec lui mis il nous a demandé de partir. Bref, cette forêt s'est révélée une pause bien méritée, avec en prime de la montagne, de la neige et de l'air pur.

Cratère de météorite datant d'il y a 50 000 ans.

Au départ, il faut l'avouer, la moitié du groupe n'était pas très chaude pour descendre au fond du Canyon. L'inconnu, le froid, le dénivelé. Bref c'était pas gagné mais finalement, nous y sommes allés tous les 2 et sans regret, car c'était extraordinaire.

Une fois l'itinéraire choisi, sur le Bright Angel Trail, il a fallu acheter un permis pour camper sur l'un des sites du trajet. Ensuite, nous avons garer notre maison sur un parking autorisé et avons commencé la descente. Cela nous a pris 3h pour arriver au camping et encore 2h de plus pour nous rendre au fond du Canyon. Durant cette descente, les esprits ont cogité pour organiser une modification de notre itinéraire. En effet, au départ, nous n'avions pas de carte précise et avions décidé de faire un aller retour par le même chemin. Mais en voyant les paysages merveilleux sous nos yeux et les différents chemins de randonnées possibles, nous avons finalement opté pour une boucle certes plus longue mais qui nous permettrait de passer par de nouveaux lieux. N'ayant pas assez de nourriture ni le permis pour passer une nuit de plus, nous sommes restés sur une rando d'un durée de 2 jours.

Ainsi, le soir venu, nous n'avons pas fait long feu dehors, en prévision de la longue marche du lendemain mais aussi à cause du froid !

Au petit matin, changement de cap donc pour prendre le Tonto Trail vers l'est afin de rejoindre le South Kaibab Trail et remonter en haut du Canyon.

Les paysages ont été à la hauteur, époustouflants. Mais la montée aussi, éprouvante ! Après 2h de balade et 4h de grimpette, nous avons sauté dans une navette gratuite pour rejoindre la voiture, qui se trouvait du coup à plusieurs kilomètres de là. En arrivant, nous nous sommes empressé de nous faire un bon chocolat chaud réconfortant !

C'était la dernière étape de notre road trip. Maintenant, direction Los Angeles, the walk of famous et le retour de Jucy2.

Avant d'arriver à la Cité des Anges, nous avons emprunté sur une bonne partie du chemin la fameuse Route 66. C'est beaucoup plus agréable que de prendre les longues autoroutes monotones. Les paysages sont toujours changeants et fabuleux. Par contre, les petites villes traversées surfent plus que nécessaire sur la vague de la notoriété de la route.

C'est lors d'un arrêt dodo dans le désert non loin de la route 66 qu'un 3ème passager s'est invité à bord de Jucy2. Ce petit habitant à 4 pattes et aux dents affutés nous causera bien du tracas durant les 3 dernières nuits car le  conditionnement de la nourriture n'était pas prévu pour résister à l'assaut d'un rongeur.

Nous employons Los Angeles pour nous situer, mais nous n'y avons pas trainé longtemps. De quoi passer à Hollywood et rendre la voiture. Peut-être notre 3ème passager s'y trouve toujours, on ne sait trop dans quel état...

En définitive, dans un voyage, toute étape est bonne à prendre pour enrichir son expérience. En effet, nous n'avions pas prévu au départ de passer par les États-Unis. Pourtant, cette possibilité s'est présentée sur notre chemin et nous a permis d'explorer un pays grandiose mais aussi une société différente de celles que nous connaissions, plus aisée mais moins solidaire. Le moule du système capitaliste semble encore plus prégnant qu'ailleurs et gare à ceux qui ne s'y conforme pas. Les rues sont pleines d'exclus et de propriétés privées. Même la nature est prise en otage, parquée et payante. Pourtant, qu'est-ce qu'elle est belle et variée, si différente d'une région à une autre. Finalement, c'est nous qui nous retrouvons otage, à devoir payer pour profiter de merveille naturelle. Et nous verrons dans la suite de notre voyage en Amérique que cette tendance est loin d'être l'exception. Mais ceci est une autre histoire.